
Portrait de Carlos, chanteur de rue, habitant du quartier de Maurepas. Tirage cyanotype de François Lepage. Photographie de Francois LEPAGE / Hans Lucas.
Si vous allez au cabinet photographique, sur la place du Gros-Chêne dans le quartier rennais de Maurepas, vous verrez sans doute à travers la vitrine un présentoir sur lequel sont disposés des visages, des portraits plus exactement : « Le tourniquet des rencontres ».
C’est le tourbillon de la vie, incarné par un objet métallique. Et c’est à travers lui que le photographe Jacques Domeau avait fondé le lieu et la pratique photographique qu’il y développait.
L’objet exprime tout à la fois le foisonnement et le mystère des rencontres. Tous ces portraits disposés les uns à côté des autres qui, dans un mouvement aléatoire ou magique, croisent leur destinée. Il est une métaphore parfaite du cabinet photographique, un lieu de rencontre où se mêlent et tourbillonnent les destins d’êtres venus de toute part, des quatre coins du quartier, du monde ou de l’esprit.
C’est cette oeuvre simple, à première vue anodine, mais profondément humaine que poursuit aujourd’hui l’Association Un Cabinet Photographique de Maurepas.
Pascal Lesage ouvre chaque jour la porte du local. Ami de Jacques, il a participé à toutes les étapes du développement du cabinet photographique. Un être de liens, accompagné par quelques autres, Mireille, Dominique, Corentin, Neven, Ilhem … Ils permettent ainsi aux voyageurs du quartier comme aux associations qui y travaillent, de s’arrêter, de prendre un café, de discuter et de se rencontrer parfois.
Je poursuis aujourd’hui aux côtés de Pascal ce travail de portrait.
C’est le même mouvement d’origine qui m’anime : la rencontre. Ce besoin vital a fondé mon envie de photographier. Voir, à travers les regards, les fractures et les doutes, scintiller la lumière de toute humanité.
Pascal se saisit des êtres d’émulsion, les plonge dans un subtil mélange d’ammonium ferrique et de ferricyanure de potassium. Une poétique du Cyanotype d’où surgissent et se révèlent nos portraits.
Regards et corps teintés de bleus évanescents ou profonds. Poussières, plumes d’ange, encapsulées dans la matière comme autant de signes d’âmes et de mystères.
La photographie n’est pas une fin ici. C’est un moyen d’oeuvrer, de partager, d’aimer et ainsi, d’accroître la vie…
François LEPAGE
Le dossier de présentation du projet : Blues Portraits 2021